mardi, août 14, 2007

De la responsabilité des banques centrales et de leur politique de taux d intérêt dans le krach

Maintenant que le grand krach a commencé, on voit de nouvelles sortes d’abrutis
émerger. Il y a peu pour les apotres de la mondialisation et du laissez faire, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Puis voilà
que les mêmes (Thierry Breton dans le journal Le Monde par ex. ) accusent
les banques centrales de tous nos maux actuels.

Elles auraient trop baissé les taux d’intérêt pendant trop longtemps. Elles
les auraient remonté trop, ou trop vite ou n’auraient pas su les rebaisser à
temps. On ne dira jamais assez l’inanité des ergoties sur les taux d’intérêts.


Parce qu’au fond, ce qui compte c'est : qui crée la monnaie et comment ?


On connaît la position des autrichiens : Personne ne devrait créer de la
monnaie, ni les banques, ni l’état. La monnaie doit être exogène aux
anticipations mimétiques des agents. L’or de ce point de vue est une bonne
base monétaire, a fortiori si les banques se voient interdire de prêter l’or
que leurs clients leur ont confié pour le garder.


On connaît la position étatique, seul l’état doit pouvoir contrôler l’émission
de monnaie. L’activité de crédit des banques doit être strictement encadrée.


On connaît la position des riches : laissez les banques et les intervenants
sur les marchés financiers créer de la monnaie comme bon leur semble,
lorsque surviendra l’inévitable crise, que l’état nous donne de l’argent
frais, que chaque crise et chaque période de croissance soit l’occasion d’une
concentration de la richesse dans nos mains.


Quand on a compris cela, tout devient plus clair.

Qu’importe le niveau des taux fixés par les banques centrales, la grande
erreur a été de penser que les taux étaient un moyen efficace de piloter la
croissance de la masse monétaire. Parce que disons le tout net, jouer sur
les taux ne fonctionne que tant que les acteurs économiques souhaitent
accroître leur endettement. Des taux d’intérêt réels nuls ou négatifs n’ont
aucun impact si les acteurs économiques souhaitent réduire leur endettement,
par exemple parce qu’ils anticipent l’absence d’investissement rentable et
une baisse de la valeur de tous les actifs. On l'a vu au Japon récemment on
l'a vu dans les années 30. A partir du moment où les banques centrales ont
commencé à piloter la masse monétaire par les taux, c’est à dire à piloter l’accroissement
de la masse monétaire par les prêteurs privées, la messe était dite.
L'effondrement de la masse monétaire par krach du crédit devait survenir
tôt ou tard.


Mais d’où vient que ces banques ont commencé à piloter la masse monétaire
par les taux ? Tout simplement de la dérégulation financière. Tant que l’état
était le seul habilité à créer de la monnaie ou, plus exactement, tant qu’il
était un intervenant majeur de la création monétaire, par impression de
billets, prêts directs ou encadrement quantitatif des activités de prêts des
acteurs privés, alors le rôle des taux d’intérêt était minime.

Qu’on ne se méprenne donc pas. Les banques centrales ne sont pour rien dans
la crise actuelle. L’entière responsabilité de la crise revient aux
parlements qui ont voté la dérégulation financière véritable munich des
démocraties devant la montée de la finance. L’origine de la crise actuelle
en France c’est le tournant de la rigueur de 1983, la loi bancaire de 1984.
La sortie de crise est également toute tracée : contrôle quantitatif du
crédit, suppression des produits dérivés, des fonds mutuels et de 99% des
innovations financières.

Et oui " c’est totalement impensable ". C’est précisément parce que c’est
impensable aujourd’hui, que cela va se produire. Ce n’est en effet
impensable qu’aujourd’hu. De plus, si c’est impensable aujourd’hui, c’est
précisément parce que cela a été rendu impensable, afin que les banquiers et
les riches puissent commettre le crime impensable avant hier, auquel nous
avons tous assisté jusqu’à hier : la financiarisation et la mondialisation
de nos économies.

Cette époque est maintenant révolue. Ouf. Retroussons nos manches, il y a du
pain sur la planche.

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