mardi, décembre 06, 2005

Dette, démographie, montagne

J'aime beaucoup le site de Calculated Risk Récemment on pouvait y voir un post avec des jolis graphiques démographiques.
Les animations montraient pour les états Unis le vieillissement démographique. Le même vieillisement bien connu en Europe, en Chine, au Japon ... Ce vieillissement qui fait que la population devrait probablement décroitre après un sommet, d'un niveau inconnu (9-12 milliards ?) à une date inconnue (2050, 2100 ?).
Chacun sait, et surtout les économistes, que l'humain est pleinement productif durant le mitan de sa vie. Quelque part entre 16 et 65 ans, plus ou moins selon l'espérance de vie locale. Autant dire que quand la population d'un pays passe de 50% de la population ayant moins de 16 ans (la situation de l'Irak ou l'Iran je crois), à celle de 70 % de la population entre 16 et 65 ans ( les états Unis actuellement) puis à celle de 30% de la population de plus de 65 ans (L'Allemagne dans 20 ans) ... Et bien, comme un individu, le pays voit sa productivité moyenne varier.
Pour la croissance économique donc, l'idéal c'est une phase durant laquelle la population productive croit. Par exemple l'après guerre en occident.

Et la dette ?

Et bien si un pays est habitué à une croissance démographique et à la croissance économique qui l'accompagne, il peut promettre monts et merveilles par exemple aux futurs retraités. Malheureusement le vieillissement démographique vient ralentir la croissance démographique, la croissance économique qui l'accompagne, le pays accroit chaque année ses dettes et diminue chaque année sa capacité à rembourser... En fait les pays agissent comme un individu qui au lieu de raisonner sur un revenu temporellement borné calculait son revenu futur sur la base de son revenu passé. A 50 ans par exemple, il acheterait à crédit une énorme maison en s'endettant sur 30 ans, sans penser qu'il peut être licencié, que de toute façon il approche de l'age de la retraite et que sa productivité est en baisse et qu'il va bientot mourir (mettons, qu'il aurait 50% de chance de mourir avant les 30 ans).


Et la montagne ?

Et bien je me suis dit que la montagne pouvait éclairer l'impact potentiellement procyclique de l'endettement.

Supposons que l'économie consiste à grimper la montagne du progrès matériel.

On dira qu'il existe deux outils pour grimper cette montagne
Le vélo
L'avion.

Le vélo à l'avantage de pouvoir être déplacé avec de l'énergie humaine directe, l'humain pédale.
Il y a un inconvénient majeur, outre la fatigue : on ne peut pas monter plus vite que la montagne, si la montagne s'applatit, pire si provisoirement elle redescent, il faut redescendre.

L'avion est bien pratique du coup, il fonctionne avec de l'énergie humaine accumulée (du pétrole qu'on est allé chercher, des panneaux solaires contruits, etc.). L'idéal pour son utilisation est lorsqu'en haut d'un sommet, on aperçoit un autre pic un peu plus loin. Plutot que de redescendre à vélo, on monte dans l'avion et hop ligne droite. On perd moins d'altitude.

Mais parfois on commence à décoller avant le sommet, dès que ça commence à devenir plat, on perd le contact du sol, et si on arrive a court de carburant, le crash est assuré.

La montagne c'est la croissance potentielle. Le crédit c'est l'essence qui permet de décoller de cette croissance potentielle, notamment en vue de la croissance future.

L'image vaut ce qu'elle vaut. En tout cas il est certain que l'occident à force de booster sa croissance potentielle déclinante à coup (coût) de crédits successifs se dirige droit vers le crash.